Les arts traditionnels iraniens sont bien connus dans le monde depuis des siècles pour leur finesse et leur délicatesse, tels que le tapis persan, la calligraphie, la miniature, la métallurgie, la musique, etc. Comme il y a déjà beaucoup d’informations à leur sujet dans les livres, les magazines et les sites internet, ce blog ne traitera pas de ce sujet !

Dans une brève introduction, j’ai l’intention de souligner la spécificité de cette industrie, de son interprétation, de son adaptation aux tendances de la mode d’aujourd’hui et de sa popularité auprès de la jeune génération.

Le travail manuel iranien a encore une grande valeur dans la vie quotidienne, mais sa forme a changé et s’est adaptée aux besoins récents. Si la plupart des femmes ne fabriquent plus leurs tapis à la maison, vous pouvez toujours rencontrer des personnes dans leurs habits traditionnels en dehors des grandes agglomérations.

Mais revenons à Téhéran, à la vie moderne d’une jeune génération qui écoute de la musique occidentale, voyage à travers la planète, et utilise les médias sociaux pour se connecter au monde. Quelle est la place de l’artisanat et de l’art traditionnels pour cette génération ? Jouent-ls encore un rôle dans leur vie moderne ?

Grâce aux talents des nouveaux promoteurs, cette industrie persane est devenue une partie intégrante du mode de vie de la jeunesse.  Certains de ces créateurs de mode sont mondialement connus et appréciés et d’autres ne sont connus qu’en Iran. Voici quelques exemples :

Tapis persan

Le tapis persan, réputé pour sa technique et sa délicatesse, figure en deuxième place au niveau des exportations. Leurs dessins classiques, symboliques ou nomades modernes avec leurs ornementations géométriques sont très demandés dans le monde entier. Il ajoute toujours une beauté raffinée dans une maison quel que soit son style.

Cependant, l’art du tissage du tapis continue d’évoluer et de trouver de nouvelles directions. Les tendances récentes pour la décoration intérieure s’inspirent des motifs nomades, de la calligraphie, de la miniature ou de la peinture.

Plusieurs manufacturiers font nouer à la main ce type de tapis, comme Mirmola ; d’autres, comme NimaNY, restaurent de vieux spécimens ou reproduisent des tapis vintages et minimalistes.

tapis iranien fait à la main

Le tapis iranien fait à la main, le style et les motifs modernes sont inspirés des peintures iraniennes.
le nom de l’atelier: Mirmola

Calligraphie

La période safavide était le point culminant de la décoration en céramique et calligraphie

Le magnifique portail de la mosquée de Shah à Ispahan du 17ème siècle décoré de céramiques et de calligraphies.

La calligraphie était une méthode élégante pour écrire les textes religieux, de poésie ou de littérature. Elle était également utilisée pour décorer les maisons, bureaux, palais ou mosquées avec les versets du Coran.

A l’heure actuelle, de nombreux artistes s’inspirent de la calligraphie pour l’utiliser dans différents domaines.

Accessoires modernes inspirés d'éléments d'art persan

la marque NimaNY utilisant l’alphabet persan, en particulier le “H”, dans leurs artefacts

Parmi eux figure Shirin Neshat. Cette spécialiste célèbre, basée aux Etats-Unis, utilise la calligraphie dans ses photographies et ses peintures. Elle crée ses modèles à partir des femmes iraniennes de l’après révolution de 1979 et utilise cet art pour transmettre un message clair.

calligraphie persane utilisée comme symbole de la société traditionnelle

Shirin Neshat elle-même comme modèle de son art

Il existe d’autres orientations que l’on retrouve dans les objets du quotidien comme les bijoux, les chaussures, les écharpes, les manteaux et les chemises. Cela va de la production de masse de faible qualité aux marques de haute qualité.

un poème du 14ème siècle utilisé pour décorer un bâtiment moderne

L’art de la calligraphie dans la décoration intérieure des appartements de bureaux

Poterie

Depuis 7000 avant J.-C., la poterie occupe une place importante dans le mode de vie des populations occupant le Plateau iranien. Les céramiques traditionnelles redeviennent à la mode et l’inspiration de ses créateurs conquiert le marché. Farzane Studio en est un excellent exemple. Il fabrique non seulement de la vaisselle, mais également des éléments de décoration pour les constructions, les meubles …rappelant certains bâtiments historiques.

une femme noire lors de la création de poterie

Les femmes baloutches créent ce type de céramique depuis des siècles

La publicité, faite par les nouveaux maîtres de la faïence, autour de leurs belles créations émaillées ou vernissées, a conduit les anciens à réagir. Celles de Lalejin, un village de Hamadan, de Meybod à Yazd, de Natanz, ainsi que la poterie indigène de Kalpuregan en sont les principaux exemples. Cette dernière, reconnue et inscrite au patrimoine de l’UNESCO, a la particularité d’être fabriquée entièrement à la main avec des motifs originaux, qui n’ont pas changé depuis plusieurs milliers d’années.

un art ancien est resté intact à travers les siècles

L’atelier de céramique Kalporegan au Baluchestan

Broderie

Dans de nombreuses régions, la broderie est associée à une certaine culture populaire, malheureusement souvent admirée uniquement dans les musées, les festivals et les carnavals. Cependant en Iran, Ouzbékistan, Inde, Tadjikistan, Turquie, etc., cette discipline fait toujours partie des traditions vestimentaires quotidiennes des peuples et des ethnies.

De plus, grâce à nos artistes locaux, cet ornement est allé au-delà des costumes traditionnels. En effet, sa beauté esthétique se mélange avec le design de la mode contemporaine.

Broderie Baloutche

L’une des broderies les plus connues provient de la province du Sistan et Baloutchistan. La dernière reine, Farah Diba, l’a rendue célèbre en privilégiant les créations des couturiers nationaux.

Broderie baloutche dans une robe moderne

Farah Diba en tant que dernière reine d’Iran a insisté pour utiliser des vêtements iraniens pour soutenir les artistes iraniens

Au cours de la dernière décennie, les réseaux sociaux ont permis d’inventer d’autres créations basées sur ce talent tels que la bijouterie et parfois la mode masculine.

Mahtab Norouzi était l’une des meilleurs artistes de la broderie Balouch et a enseigné cet art à de nombreuses jeunes femmes. Elle est décédée en 2012.

Pateh

Un autre type de broderie est le Pateh, un artisanat spécifique de la province de Kerman. Pendant des siècles cette broderie n’a servi qu’à la décoration des maisons. Comme la broderie baloutche, le Pateh a récemment attiré l’attention et s’est répandu partout dans le pays. Actuellement, il est utilisé, non seulement comme ornementation domestique, mais également dans l’habillement et les bijoux.

 

Il y a d’autres productions manuelles originales qui sont également toujours présentes dans la vie quotidienne des Iraniens, comme le Qalamkar (textile en coton peint à la main ou imprimé au bloc), l’émail et le travail du cuivre.

Pateh de Kerman est aussi une sorte de broderie qui est devenue populaire parmi la jeunesse iranienne.

Pour conclure, l’artisanat et l’art traditionnel font partie intégrante de notre identité, tout comme la littérature et la langue classique. Pour cette raison, chaque Iranien, quel que soit le lieu où il habite, s’efforcera toujours de décorer sa maison avec des éléments perses, marquant ainsi clairement aux yeux de ses invités sa spécificité culturelle.