L’Iran, en tant que pays du Moyen-Orient, est probablement connu pour ses nombreuses mosquées, ce qui n’est pas une idée fausse. Mais, étonnamment, nous avons beaucoup de belles églises aussi. Le christianisme a une longue histoire au Moyen-Orient et en Iran, et nous avons même eu des rois et des reines chrétiennes au cours des périodes antiques, comme les périodes parthe ou sassanide.

Les relations avec les empires perses et chrétiens furent principalement influencées par les liens tissés entre ces deux grands empires de Sassanide et de Rome jusqu’à l’invasion des Arabes au VIIe siècle et la fin de l’empire perse. À l’heure actuelle, nous avons environ deux principales églises chrétiennes en Iran, l’église arménienne et l’église assyrienne. Bien sûr, il y a des catholiques, des protestants, des églises grecques et orthodoxes, mais dans une population très limitée.

Église Dzor Dzor dans la région de Maku en Iran

L’Eglise assyrienne d’orient

Ces chrétiens se considéraient comme les descendants des anciens Assyriens de Mésopotamie. Après la chute de l’empire en 612 BC, ils rejoignirent la population iranienne et, peu après l’émergence du christianisme au premier siècle, ils adoptérent cette nouvelle religion, ce qui en fait l’une des plus anciennes églises de la chrétienté. Cette communauté est répandue dans le nord de l’Irak, le sud-est de la Turquie, le nord-est de la Syrie et le nord-ouest de l’Iran, en particulier dans la ville d’Urumia. Leur population en Iran est actuellement d’environ 20 000 personnes et ils ont un député au Parlement de la République islamique d’Iran.

Les Arméniens d’Iran

Comme les Assyriens, les Arméniens sont aussi fiers d’être l’une des nations anciennes qui s’est convertie au nouveau culte. Une fois l’empire romain devenu officiellement chrétien, les évangélisés de l’empire perse subirent une longue période de persécutions, notamment sous le règne de Shapur II (309 à 379) et de Yazdgerd II (439 à 457). Cependant, les relations n’étaient pas toujours hostiles et nous avions des chrétiens ayant servi dans la cour du roi, comme Khosrow II (570 – 628) qui épousa une Chrétienne – Arménienne du nom de Shirin, ainsi que son ministre des Finances, Yazdin, également chrétien. Sa politique de tolérance et ses aides financières envers les églises ont même amené certains Arméniens à croire qu’il s’était converti au christianisme.

Un autre cours de l’histoire de l’Iran, ayant eu une grande influence sur les Arméniens, s’est déroulé sous l’Empire safavide (1501 – 1736), en particulier sous le règne de Shah Abbas Ier (1571 – 1629). Ce dernier a contraint des Arméniens, aux frontières nord-ouest de l’Iran notamment dans la région de Jolfa, à immigrer à Ispahan devenue la nouvelle capitale située au centre de l’empire.

Leur communauté est restée à Ispahan à travers les siècles et leur quartier porte le nom de Jolfa, du nom de leur région d’origine. Les Irano-Arméniens vivent actuellement à Ispahan, Téhéran, Chiraz, Tabriz et Hamadan. Ils ont une population d’environ 120 000 personnes et ils ont deux députés au Parlement.

La politique actuelle de la République islamique d’Iran à l’égard des chrétiens

Si la loi constitutionnelle iranienne tolère et respecte le peuple du livre – un terme islamique en référence aux Juifs, Chrétiens, Sabians et Zoroastriens – elle restreint, néanmoins, leurs droits par rapport à ceux des Musulmans.

En effet, par exemple, ils ne peuvent pas être élus comme ministres ou comme présidents ; de même, ils ne peuvent pas représenter la communauté des musulmans au Parlement ou les conseils municipaux et ils ne peuvent pas propager leur religion. C’est pourquoi les musulmans ne peuvent ni participer ni même entrer dans leurs églises pour les cérémonies, à l’exception des églises historiques qui sont considérées comme des musées.

Vous trouverez ci-dessous quelques-unes des plus belles églises historiques d’Iran. Certaines d’entre elles se comptent parmi les plus anciennes églises du monde et sont également classées au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Monastère de Saint Thaddeus

Saint Thaddée était un apôtre chrétien. Il était venu dans la région de la Syrie actuelle pour prêcher sa religion. La tradition des Eglises Arméniennes affirment qu’en 66 après JC, Thaddée après avoir créé une église arménienne, fut martyrisé dans la ville de Makou vers 45 par Sanatrouk, le neveu du roi Abgar V d’Edesse (roi arménien), ainsi que la fille du roi Sandoukht (roi….) ainsi que plusieurs nouveaux convertis.

En souvenir,  ce Monastère fut construit à l’endroit de leur exécution. Actuellement, il est entouré de petits villages dans une région paisible et s’appelle Qar-eKelisa qui veut dire l’église noire.

Monastère de Saint-Thaddeus dans l’ouest de l’Azerbaïdjan en Iran

Monastère Saint Stéphanois

Le Stéphanois, dérivé du nom de Stephen en arménien, est le premier martyr du christianisme et il existe de nombreuses églises du même nom dans la plupart des pays du monde. St. Stéphanois ou St. Stephen fut le premier martyr chrétien à avoir été lapidé à mort à Jérusalem le 5 décembre 36 après JC.

Cette église arménienne, en pierre, est l’une des plus belles d’Iran. Elle fut construite au IXe siècle. Elle se place, au point de vue remarquable juste après le monastère de Saint-Thaddée. Elle  connut plusieurs périodes de restauration et de reconstruction et fut toujours un lieu respecté, non seulement pour les Arméniens de la région, mais également pour les rois musulmans.

Monastère Saint Stépanos à Jolfa, Iran

Eglise Sainte Marie d’Urumia

L’église Sainte-Marie ou, comme on dit en persan, Mère Marie, est une ancienne église assyrienne située dans la ville d’Urumia, dans la province d’Azerbaïdjan occidental, en Iran. Plusieurs historiens considèrent cet édifice comme le deuxième plus ancien de la chrétienté après celui de la Nativité à Bethléem, en Cisjordanie.

Selon certaines légendes, cette église était autrefois un temple du feu zoroastrien, mais les trois prêtres, qui servaient et priaient dans ce temple, voyaient une étoile brillante vers l’est promettant la naissance d’un nouveau prophète et le futur Massiah. Ils se sont rendus à Jérusalem pour voir le bébé et une fois rentrés, ils ont converti leur temple en église.

Actuellement, une nouvelle église est rattachée à l’ancienne ; elle est utilisée pour les cérémonies habituelles ; en outre, se trouvent d’autres bâtiments administratifs gérés par la communauté assyrienne d’Urumia.

 

Église Assyrienne Mère Marie à Urumia, Iran

Eglise Sainte Mère de Dieu ou Eglise Surp Mariam Asdvadzadzin

Peut-être pas aussi ancien que les édifices mentionnées précédemment, ce prieuré a été construit en 1937 à Téhéran par des Arméniens qui se sont réfugiés en Iran lors du génocide ottoman et de la purge de Staline. Son style s’inspire des églises arméniennes des IXe et Xe siècles et de l’architecture byzantine. Il est situé dans la rue 30-Tir au centre-ville de Téhéran. Cette rue est également appelée la rue de la religion car, en plus, se trouvent un temple du feu zoroastrien, une mosquée et une synagogue.

Cathédrale Saint-Sauveur

L’une des principales attractions d’Ispahan dans le quartier animé de Jolfa, sur la rive sud de la rivière Zayande-Ruh, se trouve la cathédrale Saint-Sauveur, connue également sous le nom de Vank. C’est l’une des treize églises arméniennes d’Ispahan et l’unique monastère de la ville. Elle fut construite après l’immigration forcée des Arméniens à Ispahan au XVIe siècle. Elle a deux dates de construction puisqu’elle fut reconstruite à la fin du XVIIe siècle ! Le complexe comprend l’église ouverte tous les jours, ainsi que deux musées, plusieurs bâtiments administratifs et une bibliothèque.

Cathédrale de Vank à Ispahan, Iran

Église de Bethléem

L’église de Bethléem se situe à 10 minutes de celle du Saint-Sauveur à Ispahan, sur le côté de la rue Nazar. Elle est très petite mais incroyablement belle. Elle se compose d’une seule coupole, décorée de 72 peintures récemment restaurées. Elle est ouverte au public. Elle fut choisie par le Telegraph en 2017 comme l’une des plus belles églises du monde.