Jusqu’au VIIème siècle ap. J.-C. la religion officielle en Iran était le Zoroastrisme. En 622 ap. J.-C., Mahomet (ou Mohammad) créé l’Islam. Partis de la péninsule arabique, les armées Arabo-Musulmanes vont conquérir l’Iran Sassanide dans les années 630 à 650 ap. J.- C., commençant dès lors à diffuser la nouvelle religion. Pour autant, les convertis Iraniens ne proclamèrent forcément pas leur fidélité au gouvernement central du califat, et la résistance contre les envahisseurs a pris de nombreuses formes mouvements différents. On estime que jusque vers 1000 ap. J.-C., la majorité de la population iranienne était toujours zoroastrienne.

le chiisme est devenu officiel en Iran au 16ème siècle

Shah Ismail I, le fondateur de la dynastie safavide

Le Shiisme s’est imposé en Iran au XVIème siècle ap. J.-C. avec l’avènement de la dynastie Safavide et est devenu dès lors la religion d’Etat.

Mais qu’est-ce que le Shiisme ? Quelles sont ses différences avec les autres branches de l’Islam comme le Sunnisme ? La version iranienne de l’Islam est-elle vraiment différente de l’Islam connu en Europe ?

Fondamentalement, le Sunnisme et le Shiisme ont les mêmes bases, le Coran et le prophète Mohammad. Des discordes concernant sa succession ont éclaté à sa mort en 632 ap. J.-C., commençant à créer une division politique au sein de ses héritiers.

Un groupe a déclaré que le successeur (calife) devait figurer parmi les compagnons les plus âgés et les plus expérimentés du prophète ; cette branche est connue sous le nom de Sunnisme et s’appuie sur la Communauté des fidèles pour désigner « les guides ». Un autre parti a affirmé que le successeur devrait être choisi parmi les descendants du prophète et que cet honneur devrait rester dans la famille sur une base héréditaire, formant ainsi la branche du Shiisme.

À partir de cette division, ces deux partis ont développé leurs propres traditions dans l’histoire de l’Islam. Chacune a commencé à construire des écoles et des règlements différents afin de bien se distinguer.

Examinons les résultats de ces deux courants distincts de pensée et de philosophie.

Bien que le sunnisme soit le plus répandu dans le monde, le Shiisme s’est maintenu et est présent à l’heure actuelle dans plusieurs pays du Proche-Orient, dont bien sûr l’Iran, mais aussi l’Iraq, l’Azerbaïdjan, le Liban, le Bahreïn ou le Yemen (il y a également des minorités shiites en Syrie, en Arabie Saoudite ou bien encore en Afghanistan).

Les successeurs

La division s’est faite sur la question de l’héritage. Selon le Shiisme, après la mort du prophète, son cousin et gendre, Ali, est devenu son véritable et légitime successeur et après lui, ses deux fils, Hassan et Hossein.

Après les petits-fils du prophète, neuf autres générations de successeurs ont continué la lignée jusqu’à la fin du IXème siècle ap. J.-C. Selon la doctrine shiite, le douzième successeur, nommé al-Mahdi, est toujours vivant, mais caché et reviendra en tant que sauveur du monde à la fin des temps. La croyance messianique est l’un des points très importants de la doctrine shiite.

Dans l’histoire du Shiisme, parmi les douze successeurs du prophète (appelés Imams), certains sont plus importants que d’autres.  Ali fut le premier Imam pour les Shiites et le quatrième calife pour les Sunnites ; l’Imam Hossein (3ème Imam) fut tué au cours de la bataille de Karbala en 670, l’Imam Reza (8ème Imam) fut assassiné par empoisonnement par le calife en 818 ap. J.-C., et bien sûr l’imam al-Mahdi (12ème Imam) est le sauveur.

Symbole du chiisme

Le portrait d’Ali et de ses deux fils Hassan et Hossein

La hiérarchie

Mais si le douzième successeur ou Imam est absent, alors qui dirige la communauté shiite ?  Chez les Shiites, il existe un clergé organisé selon une hiérarchie basée sur la connaissance et l’érudition religieuses. Le chemin est long et difficile pour atteindre le sommet. Il convient de consacrer son existence aux études et recherches mystiques, à la compréhension du Coran et à la vie du prophète et de ses successeurs.

Après des années d’étude et d’apprentissage, on peut devenir un docteur de haut rang et avoir la capacité de diriger la société musulmane. En conséquence, il est impossible, pour quiconque n’ayant pas fait d’étude de se revendiquer dirigeant ou califat, comme cela s’est passé avec le groupe terroriste ISIS en Irak et en Syrie. Ces docteurs ont le statut d’ayatollah (signes de Dieu) et représentent en quelque sorte le douzième Imam en son absence. Ils sont responsables de l’application des règles spirituelles adaptées aux conditions actuelles et conduisent la communauté religieuse.

il y a environ 10500 Imamzadeh en Iran

Un sanctuaire local (Imamzadeh) dans une petite ville

Le culte des martyrs et le lien avec le Dieu

Une des différences fondamentales entre le Sunnisme et le Shiisme réside dans la relation entre les hommes et Dieu. Dans le Sunnisme, c’est simplement vous et Dieu et si vous avez une demande ou un souhait, vous devez essayer de vous rapprocher de Dieu et le lui dire vous-même.

Dans le Shiisme, il existe un culte important et respecté concernant, non seulement, les descendants de la famille du prophète, mais également tous les martyrs, les saints et les personnes qui ont sacrifié leur vie pour la religion. Ils représentent des intermédiaires entre Dieu et les hommes. Les fidèles peuvent toujours les solliciter, ce qui rappelle beaucoup la doctrine catholique d’intercession des Saints.

Cela explique toutes les cérémonies shiites se déroulant soigneusement chaque année. L’une des cérémonies les plus importantes a lieu pendant le mois arabe de Muharram (le premier mois du calendrier lunaire) pour commémorer le martyre du troisième Imam shiite et petit-fils du prophète, Hossein.

auto-flagellation en Iran

La cérémonie d’auto-flagellation en hommage au martyre de l’Imam Hossein

La cérémonie principale a lieu lors des dix premiers jours de Muharram et se poursuit jusqu’à la fin du deuxième mois, Safar.  Il faut voyager en Iran durant ces 2 mois si on veut découvrir ces cérémonies qui se déroulent dans toutes les régions. C’est également une période de cérémonies musicales, littéraires, où l’on cuisine beaucoup.  Lisez, quel est le meilleur moment pour voyager en Iran ?

De plus, en Iran, le culte des Imamzadeh (descendants des Imams) est très développé. Dans presque n’importe quelle ville ou village, vous trouverez un petit sanctuaire où est enterré un Imamzadeh, sujet à la dévotion populaire. Parmi les sanctuaires les plus célèbres en Iran, donnant lieu à des pèlerinages shiites très importants et respectés, sont ceux de :

  • L’iman Reza (8ème Iman), à Mashhad,
  • De Fatima Masuma – sa sœur- à Qom,
  • D’Ahmed et de Muhammad -leurs frères- à Shiraz.
la promenade d'Arbaeen

Le pèlerinage Arbaeen à Karbala, Irak

Les prières et autres pratiques

Les Shiites et les sunnites croient aux prières quotidiennes, au ramadan et à d’autres pratiques religieuses, mais avec des cérémonies différentes et certains détails distincts. Ces deux branches principales sont basées toutes les deux sur la croyance dans la résurrection et la vie après la mort. La grande différence est que les Shiites croient que leur amour pour Ali, les saints, Imams et martyrs est une garantie pour s’acheminer vers le Paradis et que le jugement dernier leur sera favorable grâce à leurs actions et dons faits durant leur vie terrestre.

La coexistence

Indépendamment de toutes ces différences, ces deux branches présentent de nombreuses similitudes en ce qui concerne la foi islamique. En Iran, nous avons la chance de célébrer la diversité des religions, des Shiites et des Sunnites vivent notamment ensemble depuis des siècles dans les mêmes villes et communautés, comme par exemple, dans les provinces du Sistan, du Baloutchistan, du Kurdistan, de Kermanshah ou dans celles du nord-est et du sud-ouest du pays. L’identité nationale des Iraniens constitue un lien très fort entre eux et au-delà de ces différences religieuses. C’est grâce à cette compréhension mutuelle que l’Iran a été à l’abri des interprétations extrêmes de l’Islam qui ont mis en difficultés récemment certains pays.